Suis ton Cœur

Je ne sais pas vous, mais depuis le début de mon chemin d’éveil, j’entends de nombreuses expressions qui finalement quand j’y réfléchis sont assez incompréhensibles. Des expressions que l’on entend régulièrement et qui pourtant soulèvent une multitude de questions.

Ma préférée est « suis ton cœur »

Mais ça veut dire quoi, çà « suis ton cœur ».

Sérieusement, il a des petits pieds qui vont sortir il va se mettre à marcher et à moi de me débrouiller pour le suivre, en espérant calquer mon rythme de marche sur le sien, et surtout marcher assez vite pour éviter qu’il me sème en route…

Ben là, moi c’est trop tard, il m’a déjà semé et pourtant je n’ai même pas encore commencé à marcher.

« suis ton cœur », ah ben tiens c’est facile çà

Et puis j’adore quand on y ajoute « lui seul connaît la réponse »

Ah ben là… la réponse… mais la réponse à quoi d’abord, je ne me souviens même pas avoir posé de questions.

Suis ton cœur, lui seul connaît la réponse… la réponse à quoi ?… telle est la question… et sinon dans le genre plus simple, vous avez autre chose à proposer, parce que moi je pédale dans la semoule, non mais sans blague, des sous titres vite, une bouée, ou ce que vous voulez, mais franchement faite quelque chose…

Une expression que j’adore aussi « la clé est en toi », ah ben génial, la clé est en moi, je l’ai avalée en plus, si je crois celle-là, j’en croirai d’autres… la clé est en toi, depuis quand ? Qui a eu la bonne idée de la planquer dans mon repas, et puis c’était quand, il me semble que si j’avais avalé une clé je l’aurai quand même sentie passer…

C’est comme l’autre là, « La force est en toi », ah ben cool, et maintenant je vais la chercher où et comment cette clé mystérieuse planquée quelque part en moi… en moi , mais où , bon sang, où ???

Donc si je résume, la clé est en moi et je dois suivre mon cœur, car lui seul connaît la réponse

Euh, Père Fourras sort de ce corps …Ce n’est pas une devinette, mais cela reste une énigme

Je ne sais pas vous, mais plus je cherche, plus c’est flou, pfiouuuu.

Lâche le mental, et suis ton cœur … c’est censé m’aider ça ?Lâche le mental, la clé est en toi, suis ton cœur, lui seul connait la réponse.

Youpie, bon ben là, moi j’irai bien me recoucher pour éviter la migraine, lol

Quand on est dans le mental, dans l’ego, et bien, on comprend les choses de travers ou plutôt on les interprète erronément.

Et oui, c’est ça, pour comprendre le sens de « suis ton cœur », en fait il faut y être, dans son cœur… et pour être dans son cœur, il faut le suivre.

Vous avez suivi ?

Et comment être dans son cœur ?… en faisant taire son mental. Vous savez celui qui guide en permanence vos questions, vos réflexions, celui qui vous fait tourner en bourrique. Il est censé vous faire comprendre les choses, mais en fait, chercher à comprendre vous éloigne de la solution.

Car en fait, si je prends le temps de juste « entendre » ce qui se cache derrière les mots et non essayer de comprendre ce que je dois faire ou comment je dois le faire, tout prend une nouvelle direction.

Et c’est là que je réalise qu’en effet, quand le mental prend le dessus, il sélectionne les filtres qu’il utilise et les détours qu’il va me faire prendre. Je me suis étonnée de l’expression « suis ton cœur », par contre « faire taire son mental », m’échappe. Je ne relève même pas le truc, et pourtant, on pourrait imaginer le même scénario en se demandant où est la bouche du mental, et puis, en fait mon mental, hmmmm, il n’existe pas vraiment, c’est plutôt abstrait, irréel… donc comment faire taire un truc qui en fait ne peut même pas parler puisque sans consistance…. ouhllaaa ça y est la migraine menace de revenir….

La migraine, encore un truc du mental ça, et curieusement c’est quand on réfléchit trop qu’elle arrive. Je suppose que c’est pour nous montrer que penser est douloureux et donc à éviter… lol

Et non, cette expression tout aussi étrange que l’autre, me paraît normal, et je ne tente pas de la tourner en dérision. Comme quoi quand on ne veut pas voir, inutile de fermer les yeux, ça se fait tout seul.

Et oui, avec mon mental, j’ai pris l’expression au second degré, en la tournant en dérision, faut avouer que c’est un vrai truc de mental, çà, jouer sur le sens des mots. C’est pas pour rien que l’on dit que les jeux de mots sont des jeux de l’esprit.

Et en plus, ajoutons les habitudes de nos anciens schémas de fonctionnement qui nous poussent à faire le pitre, le bouffon, qui amuse la galerie, pour de multiples raisons, mais surtout pour éviter de porter son regard sur lui-même.

Avec le mental, nous restons dans le faire … le mental nous fait échafauder des plans, des techniques, parfois même rocambolesques pour atteindre un objectif, alors que la solution est souvent bien plus simple. Le mental nous détourne des évidences, de manière subtile.

Lorsque j’entends « suis ton cœur », je me demande ce que je dois faire, et comment je dois faire pour réussir à suivre mon cœur, et le côté abstrait de l’expression, me pousse à essayer de le rationnaliser, alors que finalement, c’est inutile, mais mon mental évidemment ne voit pas les choses du même œil. (par moment d’ailleurs il faudrait lui retirer ses lunettes ou lui en mettre, lol).

Mon mental identifie « suis », du verbe suivre, dont le sens premier est « marcher derrière ». Voici comment offrir une occasion parfaite à un esprit aiguisé, de jouer sur le sens des mots, et de tourner en dérision ce qui lui semble farfelu. Et pourtant, ces quelques mots cachent tellement d’autres choses…

Voilà comment une amoureuse des mots et de la langue française conscientise le réel pouvoir des mots et comprend les subtilités de l’intention, car les vibrations des mots sont restées les mêmes, et pourtant, la différence est indéniable. Elle modifie considérablement l’effet voulu au départ.

Celui qui a énoncé « suis ton cœur », avait certainement une intention différente de la mienne, et oui moi je voulais comprendre et lui sans expliquer voulait formuler, énoncer une réalité, une solution simple et accessible. Il a donc utilisé un moyen de communication largement répandu : les mots.

La langue française, bien que très riche, accorde à un seul verbe, de multiples significations et utilisations, et il nous appartient de faire le bon choix pour recevoir le bon message. Or, l’esprit, s’arrête parfois à la première signification, la plus courante et donc la plus utilisée. C’est fou ce qu’un mot, un seul mot peut faire.

Si l’on prend le temps de regarder « suivre » dans le dictionnaire, on y découvre que suivre, c’est également « se conformer à » … et cela donne une nouvelle dimension à cette incroyable combinaison de trois mots « suis ton cœur ». Trois mots, seulement trois mots, qui pourtant créent la confusion d’un esprit qui se croyait ouvert et pointilleux. Car évidemment en entendant « suis ton cœur », il convient de comprendre « conforme-toi à ton cœur », et non pas « marche derrière ton cœur ».Voici un bel exemple de ce que le mental peut court circuiter et influencer au quotidien.

Quel que soit le nom qu’on lui attribue : mental, ego, esprit … il peut nous détourner de la réalité, de notre réalité, car il se limite à ce qu’il connaît et perçoit. Il se maintient dans un cadre qui le rassure. Il se complaît dans un monde d’illusions.

Et, le chemin le plus long qu’un homme ait à parcourir au cours de sa vie, est le chemin allant de sa tête à son cœur. Faire taire son mental, pour pouvoir écouter et comprendre le langage de son cœur qui recèle une multitude de trésors enfouis, qui demande uniquement une étincelle de lumière pour pouvoir rayonner de mille feux.

Alors désormais, pour clarifier les choses et surtout pour garder en mémoire toute cette belle réflexion et toutes ces prises de conscience, je décide de remplacer, « suis ton cœur », par une expression qui aura pour moi, tout son sens :

« SOIS TON COEUR »

Auteur : Laetitia Brenort